Laboratoire FRAMESPA (Groupe Histoire Sociale (GHS) de l'UPVD, UMR 5136 Université de Toulouse CNRS)
28 décembre 2024
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A la fin du XIXe siècle, face aux avancées techniques et à l'augmentation de la population, la ville se voit contrainte de moderniser son système d’adduction pour répondre à des besoins nouveaux, marquant un tournant dans l’histoire du ruisseau de Les Canals.
L’introduction des puits artésiens en 1846 à Perpignan par Pierre Pascal Fauvelle marque un tournant majeur et témoigne de l’innovation dans la gestion de l’eau. En 1857, l’acquisition du ruisseau de Corbère s’avère une mesure stratégique pour alimenter Les Canals en période de sécheresse, tout en répondant aux besoins d’hygiène publique de Perpignan, notamment pour le nettoyage des rues et des égouts. Cette initiative montre une prise de conscience accrue de l’importance de l’eau pour la santé publique et recentre le canal au cœur de la politique d’approvisionnement de la ville. Cependant, des questions sur les « droits d’eau » commencent à s’imposer. Ces droits, ancrés dans la tradition, se transmettent de propriétaire à propriétaire, attachés aux terres et non aux individus. Face au gouffre financier de gestion, les nombreux procès, l’impossibilité de libre utilisation de l’eau du canal de Corbère et l’émergence du projet Fontinal, le conseil municipal de Perpignan vota la mise en vente par lots du ruisseau de Corbère, ses droits et ses moulins à la fin des années 1880. Au XIXe siècle, le conseil municipal émit l’idée à plusieurs reprises d’abandonner ses droits sur Les Canals face aux coûts d’entretien. C’est dans cette période que la gestion de ce canal est devenue un sujet de débat. Avec l’émergence des grands systèmes d’adduction d’eau sous pression, la Ville a commencé à se désintéresser de ce dernier. L’année 1886 constitue un jalon avec la réception provisoire des travaux pour acheminer l’eau de Pézilla, ce qui marqua le début de la distribution de l’eau sous pression directement dans les maisons : le projet Fontinal. Cette avancée a considérablement amélioré l’accessibilité à l’eau potable pour les résidents de Perpignan. Cette décision souligne les défis financiers et techniques auxquels la municipalité était confrontée dans ses efforts pour moderniser et améliorer l’approvisionnement en eau potable. La construction du premier château d’eau en 1890, ultérieurement remplacé par un second 60 ans plus tard, incarne l’engagement continu envers l’infrastructure hydraulique. Ces développements attestent d’une transition vers des systèmes d’adduction en eau plus complexes et technologiquement avancés, marquant ainsi la fin du XIXe siècle à Perpignan comme une période de transformations majeures dans la gestion de l’eau. Le canal royal ne disparaît pas, mais n’est plus le moyen principal d’approvisionnement en eau de la ville, alors que les remparts sont détruits et que la ville construit son développement contemporain.
La Seconde Guerre mondiale et l’aiguat de 1940-1942 marquent le début d’une politique de continuité et de maintien de service de Les Canals. Le désintérêt de la Ville bascula au profit d’une gouvernance départementale. Dans les années 1970, face aux défis liés à l’irrigation, la gestion des crues et à la préservation des nappes phréatiques, le canal de Perpignan fut intégré à un plan de gestion départemental plus large. Il prit une nouvelle fonction, celle d’alimenter la retenue de Villeneuve-de-la-Raho, utilisée pour l’agriculture, le tourisme, la lutte contre les incendies et la préservation de la biodiversité. La convention de 1974 prévoit que les eaux excédentaires de Les Canals et l’ouvrage en lui-même, seront utilisées pour le remplissage de la Raho, moyennant une participation du Département aux travaux confortatifs du canal, pour assurer sans danger le transit du débit d’eau maximum. Un engagement progressivement abandonné. Cette histoire illustre comment une infrastructure hydraulique médiévale a su traverser les siècles en s’adaptant aux évolutions sociétales. Il peut encore jouer un rôle déterminant face aux défis actuels, que ce soit comme dispositif technique ou comme pilier de méditation auprès du grand public.
L’histoire peut servir pour montrer qu’il ne suffit pas de tourner un robinet pour que l’eau coule, qu’il existe une continuité dans le développement de nos infrastructures, justifiant l’importance d’une exploitation continue et raisonnée des dispositifs existants.
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.
La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.
À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.