[Vu dans la presse] Une perspective pour lutter contre les maladies infectieuses des huîtres

Chaque semaine, un ou une scientifique de l'UPVD fait part au lecteur du journal La Semaine du Roussillon de ses recherches et de leurs utilités dans notre quotidien. La semaine dernière, Mikaël Barboteu, Francesco Bonaldi et Serge Dumont du laboratoire LAMPS nous parle du Nitinol, un matériau super élastique utilisé dans la médecine.

  • Le 5 déc.

Co-rédigé par : Céline Cosseau, Enseignant chercheur spécialiste d’épigénétique environnementale et évolutive, Eve Toulza, Enseignant chercheur spécialiste des interactions hôtes-micro-organismes, Marie-Agnes Travers, chercheur Ifremer spécialiste de microbiologie marine, Jérémie Vidal-Dupiol, chercheur Ifremer spécialiste d’épigénétique environnementale et évolutive, et Luc Dantan, ancien doctorant IHPE, spécialiste de microbiologie marine

Laboratoire IHPE (UMR 5244 UPVD-CNRS-IFREMER-UM)
5 décembre 2024


----------

L’huître Crassostrea gigas est la première espèce de coquillages élevée en France. Depuis 2001, les ostréiculteurs font face à des épisodes récurrents de mortalités d’huîtres causés par des bactéries et des virus pathogènes émergents en région Occitanie mais également partout en Europe. Des chercheurs du laboratoire IHPE de l’UPVD ont mené une étude pour mettre en lumière l’utilisation dans la lutte anti-infectieuse de micro-organismes bénéfiques pour la santé des huîtres.

Les huîtres juvéniles sont sévèrement touchées par la maladie POMS (Pacific Oyster Mortality Syndrome), avec des mortalités annuelles pouvant atteindre 85 % dans les lagunes méditerranéennes. Cette maladie est déclenchée par une infection par le virus OsHV-1 μVar qui impacte le système immunitaire des huîtres. Cette diminution des performances immunitaires a pour conséquence de déstabiliser le microbiote des huîtres (communautés microbiennes associées à l’huître) et d’induire une septicémie conduisant à la mort de l’animal. Une autre maladie émergente est due à Vibrioaestuarianus, une bactérie dont l’impact et l’aire de répartition ne cessent d’augmenter. Même si elle entraîne des mortalités moindres, de l’ordre de 25 %, cette maladie a de lourdes conséquences économiques car elle affecte des huîtres adultes de taille commercialisable et donc en élevage depuis au moins 2 à 3 ans !

Les chercheurs de l’UPVD travaillent à renforcer l’immunité des huîtres.


Augmenter l’immunité des huîtres

Des travaux de recherche effectués dans l’unité IHPE sont consacrés à la compréhension de ces maladies et au développement de nouvelles stratégies de lutte anti-infectieuses respectueuses de l’environnement. Des projets récents ont consisté à appliquer le concept de l’éducation microbienne, largement caractérisé en santé humaine, à l’élevage des huîtres pour tenter d’augmenter leur immunité. Cette éducation est le processus par lequel l’environnement microbien d’un individu va influencer le développement de son système immunitaire pour augmenter ses capacités de lutte anti-infectieuse de façon durable. Cette éducation microbienne est plus bénéfique si elle est effectuée sur les jeunes larves. C’est la période au cours de laquelle le système immunitaire est en pleine maturation, il peut alors être façonné par son environnement. Les larves exposées gardent ensuite en mémoire l’effet de cette exposition et lorsqu’elles atteignent le stade juvénile et jeune adulte, les huîtres sont capables de mieux se défendre contre les maladies. Les équipes du laboratoire IHPE s’intéressent à cette possibilité d’éduquer le système immunitaire des huîtres

comme une stratégie de lutte contre les maladies et aux mécanismes sous-jacents qui permettent d’intégrer et mémoriser ces effets environnementaux. Cette possibilité d’éduquer le système immunitaire des huîtres avec des micro-orga-organismes pendant l’élevage larvaire vient en contradiction avec les pratiques aquacoles actuelles. En effet, dans les écloseries, les larves sont actuellement élevées dans de l’eau filtrée et stérilisées aux UV pour limiter l’entrée de micro-organismes. Il peut même arriver que des antibiotiques soient utilisés dans les premiers stades de l’élevage de diverses espèces de mollusques et d’invertébrés marins, mais de plus en plus réglementée. Cette pratique est en outre associée au risque de sélection de bactéries résistantes aux antibiotiques. Les résultats des travaux effectués à IHPE ouvrent des perspectives d’applications écoresponsables au travers l’utilisation de probiotiques immuno-stimulants qui pourraient se substituer à l’utilisation d’antibiotiques. Bien accueillies par les ostréiculteurs, ces recherches se poursuivent aujourd’hui pour définir leur utilisation à grande échelle.
 
 


 

 

Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique

Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.

La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.

À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.
 



 


Mise à jour le 5 décembre 2024
https://www.univ-perp.fr/upvd/vu-dans-la-presse-une-perspective-pour-lutter-contre-les-maladies-infectieuses-des-huitres