Laboratoire Centre de recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranée. UR 7397 UPVD (CRESEM)
8 février 2025
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Un commun traditionnel est dont l’usage individuel réduit les bénéfices pour les autres. Ces biens sont des « éléments touristiques d’arrière-plan » qui deviendraient des attractions touristiques par l’action humaine, et la raison majeure de visites touristiques. L’extension aux « nouveaux communs » a ensuite inclus des biens de connaissance, de culture, d’infrastructure et de voisinage, participant eux aussi à l’expérience touristique.
D’une part, les « communs urbains » sont des ressources partagées essentielles pour le public, nécessitant ainsi leur extraction du marché. Ils peuvent provenir d’initiatives publiques ou privées, telles que l’Asilo, les jardins et habitats communautaires ou coopératifs, etc. Les paysages et espaces publics (les parcs, etc.), les lieux de transmission traditionnelle scientifiques, culturels et sociaux (théâtres, etc.) constituent également des communs urbains. Ils contribuent à la jouissance collective et au développement touristique.
D’autre part, les « communs de la connaissance », de Hess et Ostrom, incluent des ressources physiques (biens rivaux) et numériques telles que les données scientifiques. Les licences « creative commons » jouent un rôle vital dans la diffusion des communs de la connaissance en créant des biens publics sur la base de droits privés.
Les interactions entre tourisme et biens communs concernent tous les types de communs. Le tourisme des nouveaux communs privilégie des expériences communautaires, telles que celles avec les coopératives du Nord à Marseille ou « Ôkhra » dans le Vaucluse, qui offrent des expériences uniques. Ces formes de gestion collective, à pérenniser, créent ainsi de nouveaux produits touristiques intégrés dans les offres de certains organismes de gestion des destinations.
L’exemple du « Darwin Écosystème » à Bordeaux illustre la préservation et la promotion par un office de tourisme d’un espace culturel urbain. Les communs traditionnels demeurent quant à eux essentiels à l’activité touristique. Ils attirent les touristes et génèrent des revenus significatifs pour les destinations, rendant leur préservation primordiale pour un développement durable. La gestion de ces communs traditionnels fait cependant face à des défis liés à la surutilisation et au manque d’incitation à investir dans leur préservation.
La surutilisation peut entraîner une congestion, voire des dommages durables aux ressources communes.© Freepik
Défis de gestion des communs traditionnels
La surutilisation peut entraîner une congestion, voire des dommages durables aux ressources communes. Le problème d’incitation à l’investissement résulte souvent du free riding, certains profitant des efforts des autres sans y contribuer, ou d’un déséquilibre entre les investissements à réaliser et les retombées espérées. Ces défis nécessitent donc des solutions pour assurer la durabilité des ressources communes.
Les régimes de propriété commune d’Ostrom apparaissent comme une solution efficace, qui encourage une exploitation durable, évite les conflits et offre une expérience touristique authentique. Ce modèle de gestion permet également de différencier les destinations touristiques, en offrant une expérience authentique, promouvant un tourisme responsable, qui pérennise la ressource et favorise un développement économique et social durable.
En conclusion, il existe des liens étroits entre le tourisme et les biens communs, qu’ils soient traditionnels ou nouveaux, autour desquels l’activité touristique s’articule. Face à l’importance de ces ressources et aux risques liés à l’absence de politiques de pérennisation, la gestion communautaire apparaît comme une solution adaptée aux défis de la surutilisation et du manque d’investissement.
En effet, selon Healy, la privatisation des paysages touristiques peut préserver la ressource, mais reste limitée à des zones où l’accès à cette ressource pourrait être réglementé. La gestion publique, bien que répandue, manque souvent de volonté politique pour contrôler la surutilisation et le sous-investissement. Tant que les ressources touristiques ne seront pas considérées comme des biens communs et que des politiques adéquates en ce sens ne seront pas mises en place, elles resteront exposées à la tragédie des communs énoncée par Hardin.
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.
La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.
À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.