Laboratoire Interdisciplinaire Performance Santé Environnement de Montagne. (LIPSEM, UR UPVD 4604)
14 mars 2025
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Les bains froids ont longtemps été prisés par les sportifs et dans la rééducation après blessure. Cependant, les preuves scientifiques ont toujours été très peu fructueuses quant à leurs effets réels. Alors qu’ils peuvent s’avérer bénéfiques dans des pathologies neurodégénératives telles que la sclérose en plaques pour réduire l’inflammation et la douleur, leurs bienfaits chez des personnes saines sont sujets à controverse.
Selon plusieurs études, les bains froids après l’effort constituent un effet placebo.
Parfois, les sportifs d’endurance ressentent le besoin de s’immerger le corps dans un bain froid afin de se sentir mieux après un long effort. Un effet placebo a bien été rapporté par certains chercheurs sur la sensation de bien-être après une telle épreuve. Néanmoins, les évidence scientifiques peinent à mettre en évidence une diminution des courbatures lorsque l’étude est contrôlée avec un groupe placebo, et encore moins sur les niveaux d’inflammation du muscle. Encore pire, leur utilisation répétée limite certaines adaptations à l’entraînement : les gains de masse musculaire, d’endurance de force et de force isométrique pour quelqu’un qui s’entraîne à la salle. D’autres études ont démontré que les bains froids pouvaient retarder la refabrication des stocks de glycogène musculaire lors d’efforts intenses et répétés tels que des sprints.
Faut-il pour autant éviter les bains froids chez les rugbymen qui en raffolent ? Pas forcément dans le cas des blessures superficielles. Mais il nous faut garder à l’esprit qu’ils peuvent entraver les processus liés à l’amélioration de la performance dans le long terme à la salle ou lorsqu’on réalise des efforts à haute intensité.
Rien à signaler chez le coureur qui aime le froid. Il n’y a pas d’effet négatif connu ce jour, mais pas d’effet positif significatif non plus sur la récupération pour ce type d’athlète.
En route vers les bains chauds
Au sein de nos laboratoires, nous avons conduit plusieurs études pour tester les effets de l’utilisation répétée des bains chauds en récupération. En partenariat avec le ministère des sports, nous avons évalué les effets des bains chauds sur la performance sportive d’athlètes olympiques. L’étude a mis en évidence que les athlètes qui prenaient des bains chauds quotidiens (>40 °C, 20 min) après leur entraînement amélioraient leur force maximale isométrique des membres inférieurs et leur consommation maximale d’oxygène comparé aux autres. Grâce à ces mêmes athlètes, nous avons démontré que les bains chauds ou la récupération active sur vélo permettaient d’améliorer la qualité d’une séance de sprints répétés après une séance épuisante de course le matin dans le cadre d’un entraînement biquotidien. D’autres travaux ont testé les effets du sauna sur la performance en endurance chez des coureurs à pied.
Selon la littérature scientifique, réaliser quatre séances de sauna (chaleur sèche, 85 °C, 30 min) par semaine pendant seulement 4 semaines, permet de s’acclimater à la chaleur et d’améliorer sa performance en endurance. Bien que les mécanismes demeurent à ce jour peu connus, il semblerait que les athlètes soient sujets à une augmentation de leur volume plasmatique permettant de mieux oxygéner les muscles.
Non à la fonte des muscles !
Les bienfaits de la chaleur prennent également de l’ampleur dans les situations conduisant à une perte de masse musculaire telles que l’immobilisation d’un membre ou des dommages musculaires importants. Plusieurs travaux conduits au cours des cinq dernières années ont mis en évidence que l’utilisation de la chaleur (bains chauds supérieurs à 41 °C sous surveillance, diathermie pulsée à onde courte, couvertures thermiques, etc.) atténuait la réduction de la section transversale des fibres dans les muscles. La fonction mitochondriale ainsi que les gains de force peuvent également être partiellement restaurés.
Aujourd’hui, nos laboratoires cherchent à mieux comprendre quelles stratégies favoriseraient le mieux la régénération musculaire (e.g. le bon minutage et la bonne « dose » de chaleur) ainsi que les mécanismes moléculaires sous-jacents.
Selon plusieurs études, les bains froids après l’effort constituent un effet placebo.
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.
La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.
À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.