Laboratoire LGDP (MR 5096 UPVD CNRS IRD)
5 décembre 2024
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Au cours de vos balades printanières dans notre belle région, peut-être avez-vous déjà croisé des plantes qui, bien que discrètes, arboraient des fleurs ressemblant étrangement à des insectes ? Ce sont à coup sûr des orchidées du genre Ophrys, des plantes possédant un mode de pollinisation bien particulier.
Pour assurer leur reproduction, les plantes doivent, en général, voir leurs gamètes mâles, plus communément appelés pollen (l’équivalent de nos spermatozoïdes), rencontrer un ovule (gamète femelle). Afin d’éviter les problèmes liés à la consanguinité, l’évolution a bien souvent favorisé les stratégies faisant intervenir un transfert de pollen entre individus différents. Le vent assure par exemple, la dispersion du pollen des conifères ou des graminées (on parle d’anémogamie), alors que la tristement célèbre posidonie, qui disparaît peu à peu de nos fonds marins (et qui n’est, au passage, pas une algue) voit son pollen dispersé au gré des courants marins (c’est l’hydrochorie). Néanmoins, plus de 80 % des plantes font appel aux services d’animaux : de chauve-souris, d’oiseaux, de reptiles, mais majoritairement d’insectes pour assurer leur reproduction, et c’est bien cette entomogamie qui va nous intéresser aujourd’hui.
Les angiospermes ont même vu se mettre en place un organe dédié à la fois à la reproduction et à l’attraction de leurs pollinisateurs : la fleur. Même l’être humain, qui n’est pas un pollinisateur naturel, a été fasciné depuis la nuit des temps, par l’exubérance et le parfum de leurs corolles. Il en est de même pour l’insecte, même si la réalité peut s’avérer plus complexe. Les fleurs de certaines espèces produisent un nectar sucré qui offrira une récompense à l’insecte qui viendra recueillir le pollen. Mais celles d’autres espèces trichent et font juste semblant d’en produire. Dans certains cas, la fleur se fait même leurre sexuel en imitant un pollinisateur. Cette stratégie de pollinisation par leurre sexuel est relativement rare dans la nature. A l’exception d’une espèce d’Iris et d’une espèce de la famille des astéracées, on ne la trouve d’ailleurs que chez quelques orchidées.
Une plante qui se fait passer pour un insecte
Pour toutes ces raisons les orchidées du genre Ophrys constituent un modèle fascinant pour étudier comment se met en place la biodiversité, mais aussi comment le changement climatique, ou encore la destruction de leurs habitats, pourraient détruire en quelques décennies à peine ce que la nature a mis des centaines de milliers d’années à façonner.
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Références
- Bohman B, Flematti GR, Barrow RA, Pichersky E & Peakall R (2016) Pollination by sexual deception – it takes chemistry to work. Current Opinion in Plant Biology, 32, 37-46.
- Baguette M, Bertrand JAM, Stevens VM & Schatz B (2020) Why are there so many bee-orchid species? Adaptive radiation by intra-specific competition for mnesic pollinators. Biological Reviews, 95, 1630-1663.
- Joffard N, Massol F, Grenié M, Montgelard C & Schatz B (2019) Effect of pollination strategy, phylogeny and distribution on pollination niches of Euro-Mediterranean orchids. Journal of Ecology, 107, 478-490.
- Robbirt KM, Roberts DL, Hutchings MJ & Davy A (2014) Potential disruption of pollination in sexually deceptive orchid by climate change. Current Biology, 24, 2845-2849.
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
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À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.