Centre de Recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées - CRESEM (UR 7397 UPVD)
28 février 2025
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Qu’en est-il aujourd’hui de l’adaptation au changement climatique qui frappe précocement les montagnes méditerranéennes ?
Un groupe d’étudiants du Master CCS de l’Université de Perpignan visitant la station du Puigmal – Err pour la préparation de leur enquête sociologique
dans le cadre du projet scientifique et pédagogique IITRANSEE financé par la Fondation UPVD.
Parce que sous influence climatique méditerranéenne, les stations de ski des Pyrénées Catalanes ont été précurseurs dans le savoir-faire de la neige de culture. Pour autant, les langues blanches déposées sur un paysage de plus en plus déneigé sont mises en péril par l’augmentation des températures. Le changement climatique aggrave ainsi les vulnérabilités environnementales du modèle touristique hérité des Trente Glorieuses, basé sur la mono-activité de l’industrie du ski alpin.
Soutenues par des financements publics et en concurrence les unes avec les autres, les stations de ski des Pyrénées Catalanes ont des niveaux de performance hétérogènes. En outre, le ratio « Pour 1 € dépensé en forfait, les clients venus pour le ski dépensent 7 € en moyenne en station » annoncé en 2013 par les Domaines Skiables de France a été récemment estimé dans les Pyrénées à 1,58 €. Enfin, les tensions politiques locales ont retardé le recours à une coopération intercommunale qui se révèle aujourd’hui favorable à la mise en cohérence territoriale.
Les sports d’hiver constituent la principale activité économique des Pyrénées catalanes © Pyrénées Cerdagne Tourisme / Frédérique Berlic
Dotés de ces héritages, les acteurs des Pyrénées Catalanes sont aujourd’hui partagés face au changement climatique. La diversification semble faire consensus, mais se décline sur le terrain de façons divergentes, sinon conflictuelles. La voie d’un maintien de l’activité ski adossé à une diversification 4 saisons technophile est choisie par les gestionnaires des stations les plus grandes, tandis que le couperet (provisoire ou définitif ?) de la fermeture est tombé sur les petites stations les plus vulnérables économiquement et les moins soutenues politiquement (Puigmal, Puyvalador). Cela réduit le nombre de concurrents locaux mais laisse dans l’expectative leur commune support.
Dans le cadre du projet IITRANSEE (Ingénierie Interdisciplinaire pour la TRANsition Socioéconomique, Écologique et Énergétique des stations de montagne) financé par la fondation UPVD, une enquête sociologique menée par les étudiants du Master CCS (Civilisations, Cultures et Sociétés) a recueilli les témoignages de 690 visiteurs du site du Puigmal habitant de part et d’autre de la frontière.
Vers une fréquentation « 4 saisons »
Au Puigmal, la randonnée pédestre prédomine (74,6 % des répondants). Même lorsque les remontées mécaniques sont à l’arrêt, la fréquentation hivernale y est notable, comme la randonnée à ski ou en raquettes (respectivement 31,3 % et 24,5 % des répondants). Exprimant un fort attachement au site du Puigmal, les participants à l’enquête sont néanmoins conscients des effets du changement climatique sur l’économie du ski.
Aussi, près de 70 % des répondants considèrent que les canons à neige ne sont plus la solution pour l’avenir de l’économie touristique dans les Pyrénées Catalanes du fait de l’augmentation des températures et/ou du manque d’eau. La nécessité d’une diversification de l’offre touristique fait quasiment l’unanimité (94 %), et plus encore celle d’une diversification de l’activité économique pour que les Pyrénées Catalanes dépendent moins du secteur touristique (97 %). De même, les répondants aspirent à un contrôle du développement de l’immobilier touristique (80 %) au profit de l’installation d’habitants permanents (90 %).
Ainsi, les participants à l’enquête montrent une prise de conscience concernant les effets du changement climatique sur les stations de ski, prônant pour une majorité d’entre eux une trajectoire de remise en habitabilité des Pyrénées Catalanes. Cette petite enquête ne peut prétendre à la représentativité de l’ensemble des visiteurs, habitants et élus des Pyrénées Catalanes. Elle permet toutefois d’ouvrir le débat pour une construction partagée des stratégies d’adaptation au changement climatique qui met une nouvelle fois au défi les sociétés montagnardes pyrénéennes.
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.
La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.
À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.